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Le scandale des fausses interdictions de cracher

Shanghai est souvent présentée comme le phare de la Chine et la municipalité ambitionne d'en faire une métropole de dimension internationale. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les autorités cherchent à réduire la pollution salivaire qui ne peut que nuire à la réputation de la ville auprès de ses visiteurs. De fait, ce fléau est effectivement relativement moins important que dans le reste du pays, mais nous sommes encore très loin d'une situation acceptable, à défaut d'être idéale. Les autorités municipales ont donc apposé en quelques endroits de la ville des panneaux et affiches que les étrangers prennent pour des interdictions de cracher, ce dont ils se félicitent en général. Mais ils ont tort!

Voici trois exemples de cette manipulation:


La consigne d'interdiction de cracher, telle qu'elle est représentée dans toutes les stations de métro de Shanghai. La consigne d'interdiction de cracher, qui est apparue partout à Shanghai pendant l'épidémie de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS). La consigne d'interdiction de cracher sur la pelouse d'un parc de Shanghai.

Explication:

Les sinophones auront immédiatement remarqué que sur ces trois photographies, la même série de six caractères (qing wu suidi tutan) est traduite en anglais de trois manières différentes. La véritable traduction devrait en fait être "veuillez ne pas cracher n'importe où". Il existe donc une différence de taille entre la version chinoise et la (les) version(s) anglaise(s). Ne pas cracher n'importe où, cela ne veut pas du tout dire la même chose que ne pas cracher du tout! Nous remarquons également que l'anglais "no spitting" ou "don't spit" est bien plus insistant que le chinois "qing wu", ce qui explique peut-être que ces recommandations ne soient pas suivies.  Ceci est d'autant plus choquant que les interdictions de fumer que l'on trouve notamment dans le métro sont exprimées en chinois par la formule "jinzhi" ("interdit de"). Pourquoi une telle différence et une telle permissivité pour les crachats? L'A.A.R.R.C.C. prend acte de la volonté délibérée des autorités municipales shanghaiennes de tromper la communauté étrangère en lui faisant croire que des mesures sont prises pour empêcher la population de cracher. C'est de la poudre aux yeux! Il est seulement recommandé de faire attention où on crache. C'est certes mieux que le laxisme le plus absolu, mais l'interdiction (recommandation?) devrait être beaucoup plus ferme et concerner tout lieu public. L'A.A.R.R.C.C. propose de supprimer sur ces panneaux les deux caractères centraux "suidi" et de remplacer "qingwu" par "jinzhi" afin de donner "interdit de cracher".